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jours-ci, à Mlle Zeller : « Je ne vais pas voir M. de Goncourt, parce que si on voyait ma voiture à sa porte, pensez-vous à toutes les suppositions qu’on ferait ? »

Samedi 18 mars. — Comment se fait-il que la barbe, cette broussaille, ce bouquet de poils, qui ne devrait avoir rien de physionomique, rende une figure triste, triste, comme celle de X…, ou pompe funèbre, comme celle de Y… Oui, c’est positif, il y a les barbes lugubres et les barbes guillerettes.

Elles ne finiront donc jamais ces crises. Voici la deuxième cette semaine. Avec la morphine, c’est curieux, la crise se fait dans une espèce de dissimulation : c’est ainsi que dans cette dernière, je n’ai pas eu de vomissements, et si j’ai eu un rien de frisson, il a eu lieu sans l’abominable refroidissement de glace de tout le corps, de mes premières crises.

Mercredi 22 mars. — Aujourd’hui, Alidor Delzant vient me voir. Naturellement la conversation est sur l’actrice Ozy, dont il vient d’hériter de 50 000 francs, qu’il destine à faire trois pensions à trois hommes de lettres. Il hérite aussi de papiers, parmi lesquels il y a des correspondances amoureuses de Gautier,