Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/132

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Whistler demeure, dans ce moment, rue du Bac, dans un hôtel, qui donne sur le jardin des Missions Étrangères. Montesquiou, invité dernièrement à dîner, a assisté à un spectacle qui a laissé chez lui la plus grande impression. C’était dans le jardin des Missions Étrangères, la nuit presque tombée, un chœur d’hommes chantant des Laudate, un chœur de mâles voix s’élevant — Montesquiou suppose, que c’était devant de mauvaises peintures, représentant les épouvantables supplices dans les pays exotiques — s’élevant et s’exaltant en face de ces images du martyre, comme si les chanteurs du jardin étaient pressés de leur faire de sanglants pendants.

Vendredi 7 avril. — Je n’ai eu vraiment cette année qu’une seule satisfaction, qu’un seul plaisir : c’est l’élévation de ce treillage au fond de mon jardin, de ce treillage avec ses chapiteaux tout à fait réussis, et qui doit être dans quelque mois habillé, en son architecture à jour de roses, et de clématites du Japon. C’est pour moi, en petit, la Salle des Fraîcheurs de Marie-Antoinette, à Trianon.

Dimanche 9 avril. — Enfin après six semaines d’enfermement, ma première sortie pour un dîner