chez Daudet. Je revois, avec une émotion attendrie, les êtres aimés et le milieu de mes habitudes de préférence : cette salle à manger et ce cabinet de travail.
J’avais ce soir, en chemin de fer, vis-à-vis de moi, une vieille femme, toute charmante, d’une grâce séductrice. Une toilette entièrement noire, gants, robe, grand manteau à deux pèlerines, capuchon, une toilette où il n’y avait de blanc qu’une dentelle bordant son capuchon, qui courait sur les bandeaux bouffants de ses cheveux gris, et encadrait son visage. Ce visage était la ruine de la plus jolie, de la plus aimable, de la plus douce figure, avec seulement sur la chair pâlie, de la meurtrissure dans l’orbite de ses beaux yeux, et comme une dépression de fatigue dans les lignes de sa bouche. Et l’on ne peut s’imaginer la musique harmonieuse de ses paroles, comme soupirées, et l’élégance de ce vieux corps, se remuant avec les mouvements las d’une coquette malade.
Mercredi 12 avril. — Je trouve dans ma boîte, une affiche sur papier rouge, ayant pour titre : Manifeste des Dynamiteurs, et qui prêche une œuvre d’émancipation, fondée sur les chairs pantelantes et les cervelles éparses, en annonçant de nouvelles explosions, et déclare qu’il faut que la société bourgeoise disparaisse, dussent les belles cités — c’est de Paris,