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600 francs… Je ne veux pas vous les emprunter, mais achetez-moi ce petit tableau… Votre père me les donna de suite… Ce tableau, voyez-vous, me rappelle un souvenir d’allégement, de délivrance, de bonheur. »

Et de la collection du baron d’Ivry, il est amené à me parler de la belle collection de livres provenant du prince de Poix et de sa mère, qui était une bibliophile passionnée : collection qui fut brûlée, lors de l’incendie du Pantechnicon à Londres. Avec les livres il y avait aussi quelques tableaux, quelques porcelaines, et il arriva cela de bizarre, qu’il n’y eut qu’une tasse de Sèvres qui resta intacte, mais dont le bleu de roi fut changé en le plus beau noir du monde : tasse qui fut offerte au Musée de Sèvres, comme témoignage de la solidité de la porcelaine.

Et de cet incendie, il saute à un incendie aux environs de Londres, où sa femme ne se sauva qu’en sautant par la fenêtre, où une femme de chambre fut brûlée, où tout fut anéanti, sauf un coffret de fer à bijoux, qu’on retira du feu tout rouge. Les diamants étaient intacts, et un magnifique collier de perles était aussi intact, mais les perles étaient devenues toutes noires, et chose curieuse, toutes noires qu’elles étaient, avaient conservé leur orient. Et l’extraordinaire de la chose lui en fit demander quelques-unes par le Kensington Palace.

Lundi 1er mai. — À propos du juif, qui pendant