Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/147

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un crâne, qui a l’air d’une lande. Pas de gilet. Chemise noire aux bouquets de roses jaunes, serrée aux hanches par une large ceinture, et sur cette chemise noire, un veston et un pantalon de flanelle blanche à raies bleues. Et le joueur a aux lèvres un énorme cigare, dans un bout d’ambre monumental.

Dans la nuit, une voix m’appelle par mon nom. C’est Gille du Figaro, arrivé ce soir, avec sa belle-sœur, sa dévouée garde-malade, et qui se lamente et gémit, tout fatigué qu’il est, d’avoir à faire, avant de se coucher, un article sur le Docteur Pascal.

Vendredi 16 juin. — Ma voisine de table d’hôte, une aimable et élégante habitante du Morvan, possédant une propriété en Algérie, où elle va passer les trois mois d’hiver, me conte qu’une de ses grandes distractions là-bas, ces dernières années, était d’aller voir dans une excavation de rocher, aux environs de Bougie, et abrité par une colossale tige de ricin, un fumeur de kif, fumant toute la journée, les yeux sur une cage où voletaient deux petits oiseaux, dans un état d’extase complètement emparadisée.

Samedi 17 juin. — À déjeuner, on parle jeunes filles de l’heure présente. Ma voisine me dit qu’à présent, elles ne dansent plus sous l’œil de leurs