Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/232

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Montesquiou, par Duret et Raffaëlli. Et, comme il est question de l’excentricité du peintre, Duret raconte qu’il a été saisi à Londres, un jour où il donnait un déjeuner, où il avait pour convives la duchesse de Westminster, et je ne sais plus quel autre Anglais : tous deux les deux plus grandes fortunes d’Angleterre : convives près desquels, — il avait trouvé drôle de faire asseoir à sa table du déjeuner, les deux exécuteurs de la saisie. Et Whistler, à la suite de ce déjeuner, où il abandonnait Londres, disait en parlant de ces deux richissimes invités qui l’avaient laissé saisir, que ce n’était pas par cochonnerie, même par complète indifférence, mais parce que leur imagination ne leur avait pas fourni l’idée, qu’il y avait de quoi acheter pour payer ses dettes.

Jeudi 3 mai. — Aujourd’hui, dans le brisement du corps, qu’a amené chez moi la crise d’avant-hier, et où je me suis couché dans la journée, j’ai mon éternel cauchemar, mais dans une apparence de réalité, qu’on pourrait qualifier de douloureusement lancinante.

Je suis dans une fête de jour, dans une ville vague de province, une fête de jour, en un grand édifice, tout semblable au casino de Vichy. Il faut que je m’en aille, parce que le lendemain matin, je quitte la ville, et que j’ai besoin de faire ma malle. Le che-