Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/236

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et quand ce tampon va être détruit, les sans-le-sou vont se trouver nez à nez avec les grosses fortunes, et là, va commencer la débâcle.

Puis il éreinte Cham, dont les caricatures, dit-il, n’ont jamais eu rien de généreux, et qu’il appelle le champion de l’épicerie bourgeoise.

Dans un carton, il a quelques croquis faits au Palais de Justice, pendant le procès de Henry. C’est curieux, chez ce jeune méchant, le resserrement des deux lèvres, ressemblant à la contraction de la mâchoire d’un féroce, prêt à sauter sur sa proie.

Dimanche 6 mai. — Grand dîner chez Daudet, et autour de la table, le ménage Zola, le ménage Raffaëlli, le ménage Rodenbach, le ménage Charpentier, le ménage Léon Daudet.

Dans les paroles de ce soir, chez les hommes, chez les femmes, il y a de la bataille, et la bataille éclate, à propos de la monographie peinte du Christ par Tissot, que Zola déclare l’avoir complètement empoigné, et à laquelle il regrette de ne pouvoir faire un article, que Daudet assure être une œuvre qui l’aurait converti, s’il n’avait pas la tête en pomme, tandis que le parti opposé l’éreinte férocement. Et quand il est établi, que la qualité de ces peintures, est d’être surtout une reconstitution, il y a ceux qui prétendent, que l’histoire du Christ doit être traitée légendairement, sans s’aider aucunement de la vé-