Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/253

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aux jolies femmes, qui ne peuvent pas supporter la plus petite critique de leur beauté. C’est tout de même curieux cet éreintement de tout ce que j’écris, aussi bien ailleurs qu’en France, et cela par ce seul fait, que je mets de la vérité dans ce que j’écris.

Ces jours-ci, à propos de l’exposition, chez Sedelmeyer, des tableaux de Turner qui me charment, je l’avoue, je me demandais cependant, si ce faire de la peinture n’allait pas au delà de la peinture coloriste, ne devenait pas de l’art industriel, ne faisait pas concurrence aux flambés, avec leurs larmes de couleur.

Mardi 10 juillet. — Une maîtresse de maison parlait des domestiques impossibles, qu’avait faits le service militaire, de ces paresseux, ayant pris l’habitude de passer leur vie à fumer des cigarettes, couchés sur leur lit, et de ces révoltés, incapables de supporter une observation, quand on tombe sur un domestique, qui a été caporal ou sergent.

Mardi 24 juillet. — Je relis ici, à Champrosay, La Fiancée de Lammermoor, un roman resté dans mon souvenir des lectures de ma jeunesse. Tout d’abord, je suis frappé de l’art de la composition, puis bientôt du manque d’intensité des scènes. Ça ne fait rien, le romancier, c’est au fond un grand, un très grand imaginateur.