Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/322

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de l’exécution, penser aux Goncourt, à la sincérité, à l’honnêteté, à la droiture de leur œuvre. Et voilà pourquoi Edmond de Goncourt a été mon maître, si indigne élève que je fusse. »

Dimanche 17 février. — Frédéric Régamey m’apporte le dessin d’un portrait qu’il avait fait de moi dans mon cabinet de travail, pour le Matin, un dessin très artistement fait.

Il me parle d’une série d’hommes de la Bourse qu’il est en train de pourtraire, qu’il ne dessine pas d’après nature, mais qu’il emporte dans sa mémoire, de la Bourse, où il les étudie longtemps, les reprenant, les réétudiant dans leur immeuble, jusqu’au jour, où il est content de leur ressemblance, ainsi attrapée à vol d’oiseau.

Et à ce sujet, il m’apprend qu’il est un élève de Lecoq de Boisbaudran, un original bonhomme, qui avait prêché le dessin de mémoire, disant que dans le dessin d’après nature, il y avait le danger d’être empoigné par le détail, et que l’on faisait moins synthétique, et allant jusqu’à soutenir, que lorsqu’on travaillait d’après l’être vivant, on faisait moins nature que de mémoire — bien entendu pour une mémoire exercée à ce genre de travail, — par la fatigue du modèle, produisant chez lui une espèce d’ankylose du mouvement. Je lui contais alors, qu’Eisen père avait développé le talent de son fils, le mer-