Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/343

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suis, un douloureux tableau, ma foi, pas mal fait, de l’état moral de l’individu, qui a commis un acte indélicat, et qui ne peut se replacer qu’avec un certificat, que l’homme qu’il a volé, est dans l’impossibilité de lui donner, et n’ayant devant lui que le suicide, tirade qu’il termine, en disant qu’il n’a pas mangé, depuis le matin. Un racontar si bien rédigé, qu’il me fait douter complètement de l’indélicatesse de ce faux voleur, et qui semble un truc très original, pour attendrir un romancier psychologue, et lui attraper une pièce de cent sous.

Jeudi 11 avril. — Une gouvernante anglaise, appartenant à la religion catholique, a quitté la maison Daudet, lorsqu’elle a appris que l’auteur de Lourdes, y était reçu.

Samedi 13 avril. — Je dîne avec M. Georges Bousquet qui a écrit : Le Japon de nos jours, et, qui, dans le cours de droit qu’il a fait là-bas, a constaté la reconnaissance, que tout Japonais apporte à celui qui lui apprend quelque chose. « Oh sénsei (le maître) ! » répète avec tendresse, l’étudiant.

M. Bousquet, raconte qu’il a été un moment tellement séduit par le Japon, qu’il avait écrit à sa famille de quitter la France, de lui amener une demoiselle dont il était épris, et qu’ils vivraient tous là, comme dans le Paradis.