Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/356

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tente, et à l’écurie renfermant deux carrosses d’apparat, dont la propriétaire avait été obligée de vendre les chevaux, quand elle avait été réduite à vivre de sa pension de veuve : carrosses, que les bonnes sortaient et promenaient, une heure, tous les samedis, sur les pavés de la cour.

Il semblait à la jeune fille qu’était Mme Sichel, que la vieille femme avait une haute idée de l’intelligence de son fils, mais qu’elle n’osait le témoigner, par suite de l’autorité, qu’avait sur son esprit un vieil ami, regardant son fils comme un chenapan, qui parlait toujours de venir voir sa mère, ne venait jamais, et ne lui écrivait que pour lui demander de l’argent.

Une révélation curieuse de cette causerie, c’est que la mère de Baudelaire, qui mourait après son fils, mourut de la même maladie, mourut aphasique. Ainsi tombe la légende, qui attribue à la vie de désordre de Baudelaire, cette maladie qui ne fut chez lui, qu’un résultat de l’atavisme.

Mercredi 5 juin. — M. Paléologue, des Affaires étrangères, m’entretenait, ce soir, de la Chine, des délicatesses de ce peuple, qui a pour nous le dédain qu’on a pour les sauvages, de ce peuple, qui ne jette jamais un papier, mais qui brûle tout ce qui est écrit sur du papier, comme une émanation intime et sacrée de l’être.

Et il cause longuement de cette société, toute