Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/357

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appuyée sur le passé, me citant, à propos du Tonkin, la demande par la France, de la cession d’un territoire, où toutes les paroles dites aux Chinois, pour prouver la convenance de cette cession, avaient été vaines, quand on rappela, que ce territoire avait été cédé autrefois par un ancien empereur. Alors aussitôt la cession fut obtenue. Selon l’expression du causeur, un déclenchement subit eut lieu dans l’esprit des plénipotentiaires chinois : il existait un précédent.

Lundi 10 juin. — Au senatorium de Lezyns, une Allemande disait à un de mes jeunes amis : « Vous, messieurs les Français, vous aimez avec votre cerveau, mais très peu avec le cœur. »

Mercredi 12 juin. — Ce soir, causerie sur l’Angleterre qui me surprend, m’étonne, par ce que mon interlocutrice me dit de neuf et d’inconnu, sur la femme anglaise. La comtesse Puliga me peint, en sa complète transformation, cet être domestique, ne voulant plus du mariage, ayant assez de l’ancienne servitude conjugale, se refusant à être plus longtemps la bonne d’un ivrogne, et fondant des clubs féminins, avec des tableaux qui représentent une femme dans les flammes et une femme dans le ciel : la première, la femme des siècles passés ; la seconde, la femme