Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/358

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des siècles futurs, et avec cette épigraphe décochée aux hommes : « Ils disent, qu’ils disent ! »

Elle me parle d’un roman intitulé : Sarah Grand, qui a abordé la question sexuelle dans le mariage, et qui est beaucoup plus érotico-médical, que ne le sont mes romans, et elle m’affirme que sur les théâtres de Londres, le baiser, la caresse, le pelotage, vont plus loin, qu’on ne l’oserait sur un théâtre, en France.

Enfin elle termine, en disant que toute l’hypocrisie, apportée là-bas par la Réforme, l’Angleterre est en train de la rejeter, de la vomir.

Jeudi 13 juin. — Ce soir, Mme Adam, confessant sa foi de charbonnier au surnaturel, conte les choses invraisemblables dont elle a été témoin, disant qu’à dix-huit ans, ayant été consulter une sorcière pour le chien perdu d’une amie, au moment de s’en aller, la sorcière l’avait presque retenue de force, et lui avait prédit sa vie, mais tout, tout, depuis le livre qu’elle allait écrire sur Proudhon, jusqu’à… Là, elle s’interrompt. En sorte, que la malheureuse Mme Adam est emprisonnée dans sa bonne aventure : ce qui fait dire à l’un de nous, qu’il y aurait à faire une belle chose littéraire d’un homme ou d’une femme, dont toutes les actions seraient sues d’avance, sans que cet homme ou cette femme puissent se dérober à leur fatalité.