Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

adoré, qui était la gaîté et l’esprit des maisons amies, où elle le menait, — et l’orgueil de son cœur.

Je la revois enfin, ma pauvre mère, au château de Magny, sur son lit de mort, au moment où le bruit des gros souliers du curé de campagne, qui venait de lui apporter l’extrême-onction, s’entendait encore dans le grand escalier, je la revois, sans la force de parler, me mettant dans la main la main de mon frère, avec ce regard inoubliable d’un visage de mère, crucifié par l’anxiété de ce que deviendra le tout jeune homme, laissé à l’entrée de la vie, maître de ses passions, et non encore entré dans le chemin d’une carrière.

Lundi 21 mars. — On causait aujourd’hui des périls, auxquels est exposé le bonheur des femmes, mariées à des peintres portraitistes.

Là-dessus, la jolie Mme … se trouvant là, disait : « Moi, je fais un peu la police ! »

Et elle racontait, que tout dernièrement, une femme de la meilleure société, ayant deux enfants, au milieu de la pose, s’était couchée sur un divan, et s’était mise à dire de telles choses, que sortant de derrière un rideau, où elle était cachée, elle lui avait dit : « Madame, après la conversation que vous venez d’avoir avec mon mari, vous n’avez qu’à mettre votre chapeau, et à vous en aller.

— Bon ! répondait la femme du monde à la femme