Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/361

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être venu à dix-neuf ans à Paris, où, pauvre petit garçon de lettres, très admirateur de Leconte de Lisle, il avait eu à subir ses brutalités.

Puis, il me raconte avoir assisté à un traité entre Verlaine et l’éditeur Vanier, où l’éditeur ne voulait donner que vingt-cinq francs, de quelques pièces de poésie qu’il venait d’écrire, et dit que Verlaine tenait à avoir trente francs. Et cela se terminait par Verlaine, tenant d’une main son reçu, et ne le lâchant, que lorsqu’il tenait, dans l’autre main, un napoléon et deux pièces de cent sous, s’écriant : « Un sale Badinguet et deux pièces suisses ! »

Et comme Rodenbach le complimentait de sa victoire : « Non, non, s’écriait-il, je n’aurais jamais cédé, j’aurais eu une scène ! » faisant allusion à l’autorité de la femme, avec laquelle il vivait.

Samedi 6 juillet. — À la gare Saint-Lazare, je trouve Léon Daudet, de Régnier, et aussitôt en route pour Carrières-sous-Poissy.

Nous voici en cette maison de Mirbeau, recouverte d’un treillage vert tendre, en cette maison aux larges terrasses, et trouée de nombreuses fenêtres, en cette maison inondée de jour et de soleil.

Maintenant dans le jardin, dans le petit parc, des plantes venues de chez tous les horticulteurs de l’Angleterre, de la Hollande, de la France, des plantes admirables, des plantes amusant la vue par leurs