Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/364

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Jeudi 18 juillet. — Ce soir, à sept heures et demie, un ciel ressemblant à ces papiers marbrés, que font les Anglais, au fond doucement bleuâtre, et dont des filets de nuages roses divisent l’infini en grands morceaux polyédriques, et là-dessous une perspective de maisons noires, se détachant d’une chaussée pâle. Un effet vraiment original.

Dimanche 21 juillet. — Aujourd’hui, l’enterrement du jeune Charpentier, ce garçon de vingt ans.

Les heures, où l’on va à un enterrement, où on le suit, me semblent des heures, où l’activité de votre esprit est engourdie par du néant.

En voiture, Mme Daudet s’élève, avec des paroles colères, contre ce militariat universel, qui est le tourment de la pensée de toutes les mères, envoyant leur malédiction à Bismarck.

À l’église, le pauvre père, dont les arrangements avec Fasquelle, me disait Zola, avaient été faits en vue de la continuation de la dynastie des Charpentier, dans l’affaissement de sa douleur, a l’aspect d’un vieillard.

Mardi 23 juillet. — Dîner donné à la Maison d’Or, par l’Écho de Paris, pour les décorations d’Anatole France et de Paul Margueritte.