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J’ai la surprise de l’aimable toast d’Anatole France, qui veut bien se dire fier, de tenir sa décoration du ministre qui m’a décoré.

Dimanche 28 juillet. — Hayashi vient déjeuner.

Je lui demande qu’est-ce qui l’a poussé à apprendre le français au Japon, et ce qui l’a amené à venir en France. Il me répond que c’est la popularité, au Japon, de l’histoire de Napoléon. Et cette connaissance de l’histoire de l’Empereur, lui est arrivée par des livres en langue hollandaise, que son père avait apprise de son maître, un médecin hollandais.

Lundi 5 août. — Sur de tristes détails donnés sur les démêlés de Nadar avec son fils, et sur sa ruine, visite avec les Daudet à l’Ermitage.

Nadar nous parle du besoin qu’il a de vendre l’Ermitage, de la vente qu’il a manqué d’en faire aux hôpitaux de Paris, nous dit qu’il est décidé à fonder une maison de photographie à Marseille.

Lorsqu’il nous remet en voiture, un moment, arrêté à la portière, il s’ouvre sur le chagrin que lui cause la brouille avec son fils : « Quant à moi, fait-il, il ne me parle plus, ne me salue plus… Dans ma jeunesse, j’étais violent, prêt à frapper, et cependant lui — il lève le doigt en l’air, et le laisse retomber — je ne lui ai jamais même fait cela… je ne l’ai