Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/366

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jamais puni ! » Et sur l’invitation, que les Daudet lui font d’amener, un jour, sa pauvre paralysée de femme à dîner, ses yeux se mouillent, comme de reconnaissance.

Jeudi 8 août. — On cause ce matin des livres d’éducation à l’usage des enfants, maintenant écrits pour des grands garçons, pour des grandes filles, et tout à fait incompréhensibles pour de jeunes cervelles. Là-dessus Mme Daudet dit — et elle est dans le vrai — que cela vient de ce que, lorsqu’un républicain rouge ou un juif a fabriqué un de ces petits traités, le gouvernement veut, aussitôt, lui faire cadeau de la vente d’une dizaine de mille d’exemplaires.

Je tombe, cet après-midi, dans une conversation de Daudet avec Finot, le directeur de la Revue des Revues, dans une conversation sur l’agonie des races, sur la mort d’un peuple, et sur le décès de sa langue, dont il ne reste plus, comme l’a dit Chateaubriand, que les mots répétés par les perroquets, sur la cime des arbres, et Finot parle de l’extinction d’une peuplade en Russie, dont il ne reste plus qu’un individu, et sur lequel un philologue a fait un gros volume.

Puis Finot saute à Tolstoï, et affirme qu’il est seulement le vulgarisateur et le développeur de beaucoup d’idées, appartenant à des sectes : ainsi l’idée de la résistance au militariat, prêchée par un ancien