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souvent dans ses vers, de la langue de vérité des prosateurs, et pas du ronron vide des poètes ordinaires, et souvent extraordinaires.

Dimanche 25 août. — Holmès vient dîner, aujourd’hui, à Champrosay.

Et presque aussitôt le dîner, elle se met à chanter. Et dans les morceaux qu’elle chante, il y a une légende intitulée : Saint-Amour, vraiment originale : une légende — c’est curieux — qui lui a été fournie par une marchande de vins du Midi, rencontrée par hasard, chez un éditeur de musique. Voici le libretto : l’Amour se trouve tout à fait dans la dèche ; des châtelaines du Midi, qui lui doivent beaucoup, s’adressent au Saint-Père, pour qu’il soit canonisé, et elles obtiennent sa canonisation, et une chapelle pour lui, dans l’église de Saint-Amour, où une ancienne statue d’un petit amour, enguirlandé de chapelets, serait la figuration du nouveau petit saint.

Parolière et musicienne — ce qui est une faculté toute particulière — Holmès disserte sur la qualité des vers, qu’il faut mettre dans ce qu’elle fait : des vers, dit-elle, « légèrement à l’état de squelette, et dont la chair est faite de sa musique ».

Un moment, elle nous entretient de Wagner, qu’elle a vu, toute jeunette, et qui dans la visite qu’elle lui a faite, joua du piano d’une manière assez peu satisfaisante, pour faire jouer ses créations par