Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/375

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une grande réputation dans les départements de l’Est.

C’est peut-être l’unique médecin, qui a eu l’idée de demander à ses malades, un journal, heure par heure, de leurs souffrances et de leurs malaises du jour et de la nuit. Et pour moi, ce serait un renseignement des plus sérieux pour un traitement. Il y a tant de diagnostiqueurs qui se trompent, et dans la confiance absolue de leur diagnostic, n’écoutent rien, dans une visite, de ce que leur racontent les malades.

L’histoire de ce Titon est curieuse. Petit paysan, il était pris en affection par un vieux médecin du pays, sur l’intelligence de sa figure, et ce médecin faisait les frais de ses études de médecine à Paris. Mais lorsque celui-ci avait fini son internat, et était au moment de devenir une illustration, dans la capitale, le vieux médecin lui disait : « J’ai fait de vous un médecin, un médecin qui en sait plus que moi, un médecin tout à fait supérieur : je l’ai fait, je dois vous l’avouer, pour que vous donniez tous vos soins à ma fille, dont vous connaissez la santé maladive, et qui ne peut continuer à vivre, que sous une surveillance tout à fait aimante. » Et Titon épousait la fille du vieux médecin, et passait toute sa vie à être l’intelligent garde-malade de sa femme, à laquelle il ne survivait que six mois.

Lundi 23 septembre. — Un vieux braconnier d’ici