Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/390

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pas finir le Journal des Goncourt, sans faire l’historique de notre collaboration, sans en raconter les origines, en décrire les phases, indiquer dans ce travail commun, année par année, tantôt la prédominance de l’aîné sur le cadet, tantôt la prédominance du cadet sur l’aîné :

Tout d’abord, deux tempéraments absolument divers : mon frère, une nature gaie, verveuse, expansive ; moi, une nature mélancolique, songeuse, concentrée — et fait curieux, deux cervelles recevant du contact du monde extérieur, des impressions identiques.

Or le jour, où, après avoir fait tous deux de la peinture, nous passions à la littérature, mon frère, je l’avoue, était un styliste plus exercé, plus maître de sa phrase, enfin plus écrivain que moi, qui alors, n’avais guère l’avantage sur lui, que d’être un meilleur voyant autour de nous, et dans le commun des choses et des êtres, non encore mis en lumière, de ce qui pouvait devenir de la matière à de la littérature, à des romans, à des nouvelles, à des pièces de théâtre.

Et voici que nous débutions, mon frère sous l’influence de Jules Janin, moi sous l’influence de Théophile Gautier, et l’on peut reconnaître dans En 18.. ces deux inspirations mal mariées, et donnant à notre premier livre, le caractère d’une œuvre à deux voix, à deux plumes.

Viennent après, les Hommes de Lettres (reparus sous le titre de Charles Demailly), livre appartenant