Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/74

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cent un mieux dans l’état de Maupassant, Yriarte me fait part d’une causerie qu’il vient d’avoir, ces temps-ci, avec le docteur Blanche.

Maupassant colloquerait, toute la journée, avec des personnages imaginaires, et uniquement des banquiers, des courtiers de bourse, des hommes d’argent. Le docteur Blanche ajoutait : « Il ne me reconnaît plus, il m’appelle docteur, mais pour lui, je suis le docteur n’importe qui, je ne suis plus le docteur Blanche. » Et il faisait un triste portrait de sa tête, disant qu’à l’heure présente, il y a la physionomie du vrai fou, avec le regard hagard et la bouche sans ressort.

Jeudi 18 août. — Par ces chaleurs sénégaliennes, des nuits d’insomnie, peuplées dans leurs courts ensommeillements, de cauchemars.

Je rêvais qu’un dentiste, qui avait une tête de penseur sublime, mais en plâtre, me travaillait dans le fond de la mâchoire, et ce qu’il me faisait avec de petits instruments d’or, était tout à fait délicieux.

Puis, une interruption amenée, je ne sais par quoi, et une nouvelle séance de mon dentiste, à la tête de plâtre, qui avait pris, cette fois, le caractère de méchanceté de la tête du vieil Aussandon, et je l’entendais me dire avec une voix, sortant comme d’un téléphone : « Ce que j’ai fait hier, c’était pour vous amuser… mais il n’est que temps d’aller voir Péan…