Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/127

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confondues, mêlées, épaulées les unes aux autres, les femmes étaient ramassées autour d’une table, dans une espèce d’amoncellement pyramidant et croulant. Du monceau de linge blanc et de chair nue s’avançaient, à toute minute, des doigts fouillant à même dans un paquet de maryland commun et roulant une cigarette. À une des extrémités, une femme assise de côté, les jambes allongées sur la banquette et soutenant un peu de l’effort de son dos, l’affaissement du groupe, épuçait une chatte, qui tenait une patte raidie arc-boutée sur un de ses seins, dans un défiant et coquet mouvement animal. Un jupon blanc sur une chemise aux manches courtes était toute la toilette de ces femmes, toilette montrant, dans le décolletage d’un linge de nuit et de lit, leurs bras, la naissance de leurs gorges, ― chez quelques-unes l’ombre duveteuse du sinus de leurs épaules. Toutes, au-dessus de deux accroche-cœurs, avaient échafaudé une haute coiffure