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Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/128

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extravagante parmi laquelle couraient des feuilles de vigne en papier doré. Plusieurs portaient sur la peau du cou ― une élégance du lieu ― d’étroites cravates de soie, dont les longs bouts roses ou bleus flottaient dans l’entre-deux des seins. Deux ou trois s’étaient fait des grains de beauté avec des pépins de fruits.

La porte-persienne du café commençait à battre. Les pantalons garance cognant leurs sabres-baïonnettes aux tabourets, les hommes à casques trébuchant dans leurs lattes, prenaient place aux tables. À mesure que l’un d’eux s’asseyait, du tas de femmes, une fille se détachait, et chantonnante et la taille serrée entre ses deux mains, venait se piéter tout contre le nouvel arrivé, laissant déborder, sur le drap de son uniforme, ses nudités molles.

Au comptoir, au milieu des fioles colorées, reflétées dans la grande glace, trônait la maîtresse de la maison. Coiffée d’une magnifique