Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/132

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douleur de la fièvre d’une chair vive. D’autres femmes, un genou remonté, enserré entre leurs deux bras, et penchées et retournées de l’autre côté, cherchaient à s’empêcher de dormir, en tenant une joue posée sur la fraîcheur du mur.

Un moment, la vue d’une pièce d’or, emportée sur une assiette, par un garçon, secouait l’assoupissement de toutes ces femmes. Chacune, tour à tour, donnait superstitieusement au louis un petit coup de dent.

La nuit s’avançait cependant. Les tables peu à peu se vidaient. De temps en temps un soldat, un peu moins ivre que son camarade, l’empoignait à bras-le-corps, l’arrachait de sa place avec une amitié brutale, et passait la porte en se battant avec lui.

Minuit enfin ! Les volets se fermaient, le gaz de la salle était éteint. Il ne restait d’allumé que le lustre du fond sous la lumière duquel, poussés et soutenus par les femmes qui leur tenaient compagnie, se serraient deux