Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/133

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ou trois ivrognes indéracinables, bientôt rejoints par des noctambules de barrières, qu’introduisait à toute heure la sonnette de nuit.

Alors dans les ténèbres emplissant la salle du café, près la porte du jour, dans une obscurité épaisse de la fumée du tabac et des molécules de la suante humanité renfermée là toute la soirée, on voyait les femmes avec des mouvements endormis, ayant et l’affaissement et la couleur grisâtre d’un battement d’aile de chauve-souris blessée, s’envelopper de tartans, de vieux châles, de la première loque qui leur tombait sous la main, cherchant les banquettes aux pieds desquelles il y avait moins de crachats. Là-dessus elles s’allongeaient inertes, brisées, épandues ainsi que des paquets de linge fripé dans lesquels il y aurait la déformation d’un corps qui ne serait plus vivant. Aussitôt, elles s’endormaient, et, endormies, étaient de temps en temps réveillées par leurs propres ronflements. Un