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Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/142

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sottises, un vomissement d’injures, un engueulement enroué qui avait quelque chose du jappement cassé de ces molosses assourdissants que promènent, dans leurs voitures, les garçons bouchers. Du reste Augustine avait le physique d’un dogue, une figure courte et ramassée, de petits yeux bridés, des pommettes saillantes, un nez écrasé, des dents que la lime avait séparées et qui ressemblaient à des crocs. Augustine tenait l’emploi d’orateur poissard de la maison. Madame, qui manquait de platine, la mettait en avant, dans de certaines occasions, pour abrutir les payes récalcitrantes. Augustine inspirait un mélange d’admiration et de crainte aux autres femmes qui la laissaient jouir, sans conteste, d’immunités particulières. On l’appelait : Raide-Haleine.

Peurette, ― personne n’avait jamais su si c’était un surnom ou son vrai nom, ― une toute jeune fille, presque une fillette. Elle avait un minois grignotant de souris, de petits