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Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/156

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il flatte les flancs de sa jument. Ses fureurs amoureuses rappellent souvent les violences du rapprochement de certains animaux. Tout dans les manifestations de son être est brusque, tempétueux, exaspéré. Mais le soldat n’apporte pas, dans ses amours, l’ironie de l’ouvrier ou du petit bourgeois vicieux : un certain rire gouailleur appartenant en toute propriété aux civils.

Dans ses rapports avec le soldat, la fille se sent presque une maîtresse, avec les autres, elle n’est qu’une mécanique d’amour sur laquelle c’est souvent un plaisir de crachoter.

Le soldat dans sa vie de discipline, d’obéissance, de foi au commandement, et sans lectures, et sans l’exercice des facultés critiques de la raison, demeure plus homme de la nature que dans l’existence ouvrière des capitales ; ses passions sont plus franches, plus physiques, plus droitement aimantes. Puis on n’a pas remarqué que le soldat a très peu de contact avec la femme. Il n’est