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Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/158

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la douceur chatte de leurs paroles, avec ce fondant de volupté qu’on ne trouve pas au village, ces créatures entrevues dans le feu du gaz et des glaces, et comme servies par l’établissement dans une espèce d’apothéose, ont la fascination des grandes courtisanes et des comédiennes sur les autres hommes. Le soldat, le marin les emportent au fond de leur pensée, et dans les rêveries silencieuses des nuits du désert, des nuits de l’Océan, dans le recueillement concentré des heures de souffrance et de misère, la vision de ces femmes lumineuses leur revient. Ils les revoient embellies par une imagination qui fermente. Le délire de leur tête fabrique la petite chapelle où s’installe, dans tout cerveau humain, l’image d’amour ou de religion. Puis, quand ils les retrouvent, un peu de l’idéal et du mensonge du rêve est attaché à ces filles et leur profite auprès de ces hommes.

N’y aurait-il point encore entre la fille et le