Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/197

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XXXVIII

Des jours, beaucoup de jours se passèrent, sans qu’Élisa eût la notion de son existence pénitentiaire, le sentiment du châtiment qui la frappait, la conscience de la mortification de son corps et de son esprit. Ainsi que les gens assommés de coups sur la tête et restés debout sur leurs pieds, elle vivait sa vie nouvelle dans une sorte d’assoupissement cérébral qui l’empêchait de voir, de sentir, de souffrir, subissant des choses, passant par des milieux, accomplissant des actes dans une stupide absence d’elle-même.

Un matin, la récréation la réveilla, la fit tout à coup revivante pour les douleurs humaines.