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Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/198

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Chaque jour dans le préau aux hauts murs, et sans arbres et sans herbe, sur la largeur d’un étroit sentier formé de deux briques posées l’une contre l’autre, dessinant un carré rouge au centre du pavage gris de la cour ― un pavage de fosse à bêtes féroces ― les détenues, espacées par un mètre de distance, doivent se promener, l’une à la file de l’autre, les mains au dos, le regard à terre.

Élisa, ce jour-là, avait déjà parcouru, une vingtaine de fois, l’inexorable carré, quand par hasard, sa vue se soulevant de terre et montant au bleu du ciel, aperçut, avec des yeux subitement ouverts à la réalité, le dos de ces compagnes...

Elle eut peur, et ses mains instinctivement se mirent à tâter sur elle la vie de son corps. Un moment, au milieu de ces allants immobiles, de ce processionnement automatique, de cette marche dormante, de cette promenade silencieuse au claquement régulier et mécanique de tous les sabots tombant dans