Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/227

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de midi en plein champ, au milieu de ses moutons, il ne manquait pas, chaque semaine, à l’heure de l’office, de lire sa messe, et là, perdu, absent, transporté dans une église idéale, il se prosternait, comme à l’élévation, aux tintements de la clochette qui sonnait au cou rebelle du bélier de son troupeau. Cette ferveur se mêlait, en lui, à ce mysticisme vague et confus que la solitude, la vie en plein air apportent parfois aux natures incultes. Du reste il était sans lettres, n’avait jamais lu que des almanachs et deux ou trois petits livres d’un illuminisme tendre à la glorification de la vierge Marie. Lorsque l’homme avait apparu dans le jeune homme, une part de cette religiosité s’était tournée vers la femme. Et ses amours d’abord chastes et dédaigneuses des campagnardes, et toutes à une délicate Sainte, martyrisée dans un tableau d’une chapelle de sa montagne, avaient brûlé en lui, dans un transport de la tête ressemblant à un embrasement divin.