Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/235

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visage de leurs enfants, de sa main libre elle fermait les yeux ardents de son amant, en lui disant :

― Dors !

Soudain, sans une parole, sans un mot, elle sentait sur elle les violences et la brutalité d’un viol, et dans l’effort rageur qu’elle tentait pour se dégager de l’étreinte furieuse qui lui faisait mal, elle avait l’impression d’être souffletée par les deux mains dénouées autour de son cou. ― Ne me tente pas, je vois rouge ! s’écriait Élisa, dressée toute droite, son couteau à la main, Élisa chez laquelle la courte lutte avait fait monter au cerveau la folie d’une de ces homicides colères de prostituées.

« Ah ! ce moment, elle ne se le rappelait que trop ! Il faisait un coup de soleil brûlant, comme il en fait en avril... l’air était tout bourdonnant de petites bêtes volantes... des odeurs sucrées, ressemblant au goût du miel des cerisiers en fleurs de son pays, montaient