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Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/246

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C’était bien sa mère ! Les tribulations de la vie avaient mis dans les restes de sa beauté une implacable dureté. On eût dit une sibylle sous la palatine d’une femme de la halle.

Une petite fille était à côté d’elle.

― Mais vraiment, t’as bonne figure, oh ! mais c’est chouette, t’as trouvé le moyen d’engraisser tout plein... ça me fait bien de la satisfaction, là... quoique tu m’en aies fait du tort, va, dans mon commerce.

La mère d’Élisa s’interrompit, pour dire entre ses jambes à la petite qui s’obstinait à se cacher la figure dans le creux de sa robe :

― Allons, nigaude, puisque je t’ai dit que c’est ta sœur, pourquoi que t’en as peur ?

― Oui c’est une petite que j’ai eue depuis toi, ― fit, en relevant la tête vers Élisa, sa mère. Et elle continua : ― Tu ne me gardes pas rancune, hein ! fillette, de ne t’avoir pas fait réponse ; tu sais, moi, je ne suis pas de mon tempérament écrivain.

Là-dessus, fouillant dans une poche profonde, où