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Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/254

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de ce monde qu’elle avait cependant le devoir de sauver. Elle ne croyait plus du tout à l’amendement des correctionnelles qu’elle appelait avec un mépris indéfinissable « des traînardes », et n’avait guère gardé qu’un rien de confiance dans le repentir possible des criminelles, des grandes criminelles, de celles « qui avaient tué », ne redoutait pas de dire sa douce bouche. Pour elle l’éternité de la réclusion, mêlée à l’action religieuse pendant un nombre infini d’années, avait seule quelque chance de ramener sincèrement ces femmes à Dieu. Élisa avait tué. Elle était condamnée à perpétuité. Elle réunissait donc toutes les conditions qui pouvaient intéresser, faire travailler la supérieure à son salut. Mais Élisa était une prostituée. Elle appartenait à une classe de femmes pour laquelle la supérieure, malgré ses efforts chrétiens, n’avait jamais pu surmonter un dégoût, une aversion, une répugnance, pour ainsi dire physique, qui se