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Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/255

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refusait presque à se laisser approcher de ces malheureuses.

Le doute morne et désolé de la supérieure était, chez l’aumônier, un doute jovial incarné dans la verdissante vieillesse d’un prêtre bourguignon qui, depuis longtemps, tout digne homme du Seigneur qu’il était, avait fait gaillardement son deuil de la conversion des correctionnelles et des criminelles, « toutes pécheresses, affirmait-il, nées et condamnées à mourir dans la peau de la perversité innée ». Pour ses ouailles qu’il déclarait ainsi prédestinées à la damnation, l’aumônier n’avait au fond aucune répulsion, lui ! il s’en entretenait même, avec un peu de cette parole paterne qu’ont les magistrats pour les notables gredins qu’ils envoient aux galères. Élisa tombait mal avec le clairvoyant bonhomme. Plusieurs fois, pendant ses petits sermons du dimanche, l’aumônier avait remarqué Élisa faisant, sur le visage un moment attendri d’une compagne, rebrousser