Aller au contenu

Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/291

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

passé tout entier, comme amputé et détaché de la prisonnière, s’en allait et se perdait parmi les espaces vides. Élisa avait oublié sa vie de la Chapelle, sa vie de Bourlemont, sa vie de l’École-Militaire, sa vie de prison, sa vie d’hier. Puis, à mesure que s’effaçaient dans sa tête les souvenirs les plus récents, se levaient, s’avançaient des souvenirs anciens, les souvenirs d’une première enfance qu’elle avait passée, loin de Paris, dans un village des Vosges chez une sœur de sa mère. Et ainsi qu’il arrive quelquefois dans les dernières heures d’une agonie, les occupations, les distractions, les plaisirs, les jeux de cette enfance, reprenaient avec leurs jeunes gestes et leur gaminante mimique, reprenaient machinalement possession du vieux corps de la femme.