Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/38

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gouailleuse de la fille, trouvait, au dire de la mère, le moyen de faire sortir « un saint de ses gonds ». Malgré les duretés, les alarmes continuelles du métier, la sage-femme avait l’orgueil de sa profession. Elle se sentait fière du rôle qu’elle jouait à la mairie dans les déclarations de naissance. Elle se gonflait de cette place d’honneur, donnée à ses pareilles par les gens du peuple, dans les repas de baptême. Elle goûtait encore la popularité de la rue, où les marchandes qu’elle avait délivrées, où les filles de ces marchandes qu’elle avait mises au monde et accouchées, où les enfants, les mères, les grand-mères : trois générations sur le pas des portes, lui criaient bonjour, avec un « maman Alexandre » familièrement respectueux. Son rêve était de voir sa fille lui succéder, la remplacer, la perpétuer. La fille, quand elle se donnait la peine de répondre, disait qu’elle n’avait pas la caboche faite pour y faire entrer des livres embêtants. Elle ne trouvait pas non plus rigolo de voir, à tout moment,