Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/64

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Elle s’appelait de son nom de baptême : Divine. La fille du Morvan avait eu l’enfance pillarde d’une petite voleuse des champs. Cette vie de rapine dans les clos et dans les vergers se mêlait à une curiosité amoureuse du ciel, à des attaches mystérieuses aux astres de la nuit, qui bien souvent la faisaient coucher à la belle étoile. Dans le pays superstitieux, on disait l’enfant possédée du diable. Elle vivait vagabondant ainsi le jour et la nuit, quand arrivait une diseuse de bonne aventure, une ancienne vivandière quêtant avec un sac sur les grands chemins. Le beurre fondu, la confiture de carotte de la chaumière, passaient dans la besace de la femme à laquelle, à la fin, Divine donnait quinze livres de lard pour que la sorcière lui fît le grand jeu. La chose découverte avait valu à la jeune fille, toute grande qu’elle était déjà, une fessée d’orties, si douloureuse qu’elle s’était sauvée de la maison paternelle.

Dans la Divine d’alors, il était resté beaucoup