Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/78

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respect d’eux-mêmes dans leurs rapports avec les filles. Puis les hommes qui frappent à la porte se présentent dans des conditions autrement et différemment amoureuses que les hommes des grandes villes. En province, le rigorisme des mœurs et la police des cancans défendent à la jeunesse la maîtresse, la vie commune avec la femme. La maison de prostitution n’est pas absolument, pour le jeune homme, le lieu où il va rassasier un besoin physique : elle est avant tout, pour lui, un libre salon dans lequel se donne satisfaction le tendre et invincible besoin de vivre avec l’autre sexe. Ce salon devient un centre où l’on cause, où l’on mange ensemble, où se noue entre ces jeunesses d’hommes et de femmes le lien d’innombrables heures passées à jouer au piquet ; et à la longue avec l’ennui et l’inoccupation de la vie provinciale, les filles, les filles les plus indignes sortent de leurs rôles d’humbles machines à amours, se transforment en des espèces de dames de compagnie