Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/77

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perd de son dégoût et de son infamie, pour se rapprocher un peu de la vénalité galante, ingénument exercée, dans la molle indulgence de peuples primitifs, sur des terres de nature.

La prostitution ! D’ordinaire, à Paris, c’est la montée au hasard, par une ivresse, d’un escalier bâillant dans la nuit, le passage furieux et sans retour d’un prurit à travers la mauvaise maison, le contact colère, comme dans un viol, de deux corps qui ne se retrouveront jamais. L’inconnu, entré dans la chambre de la fille, pour la première et la dernière fois, n’a pas souci de ce que, sur le corps qui se livre, son érotisme répand de grossier et de méprisant, de ce qui se fait jour dans le délire de la cervelle d’un vieux civilisé, de ce qui s’échappe de féroce de certains amours d’hommes. Dans la petite ville, le passant est une exception. Les gens admis dans la maison sont presque toujours connus, et condamnés, même au milieu de l’orgie, à un certain