Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/87

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a maintenant enfin, par l’exultation des sens, par une grossière ivresse de la tête, les aventures du bouquin.

Le cabinet de lecture de Bourlemont, sur lequel était tombée Élisa, était bien la bibliothèque qu’il lui fallait. Une centaine de petits volumes ressemblant, dans leur reliure de basane, à des semaines saintes de village, et dont la location s’ajoutait à la vente d’almanachs liégeois et d’animaux en sucre-cerise d’une boutique faubourienne, formaient, rassemblés par le hasard, une réunion hétéroclite des romans qu’avait fait publier en France l’insurrection de la Grèce en 1821. C’étaient, dans le décor d’une féerie et d’un Orient baroque, des palicares héroïques, des captives grecques résistant à des pachas violateurs, des combats singuliers dans des souterrains, des incendies, des captivités, des fuites, des délivrances, et toujours, à la fin, le couronnement légal des feux de l’amant devant un maire de Sparte ou d’Argos. Tout