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Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/95

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dans cette existence cérébrale pendant des mois, en plein milieu d’actes d’héroïsme et de dévouement, Élisa s’était sentie mordue du désir d’accomplir des actions se rapprochant de celles qu’elle avait lues, et un besoin impérieux de se dévouer à sa façon tourmentait son cœur de fille. Son imagination appelait, pour lui offrir l’hommage et le sacrifice de sa vie, un homme se montrant à elle, dans l’émouvant cortège des dangers, des périls, des luttes mortelles, au milieu desquels elle voyait marcher ses palicares. Alors, un soir, était tombé dans sa chambre un commis-voyageur qui déposait sur sa table de nuit des pistolets, un poignard, tout un arsenal de guerre. Les paroles de cet homme ne racontaient que des prises d’armes, des tueries d’émeutes, des scènes sanglantes de nature à donner la chair de poule à une femme. À la lueur de la bougie, placée derrière sa carte de visite, le commis-voyageur faisait voir à Élisa un bonnet de la liberté