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Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/230

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enfoncé, noyé dans le vague, les yeux à demi fermés, clignotants, et avec quelquefois dans les oreilles cet imperceptible bruissement de mer, que gardent éternellement sur une commode les grands coquillages de l’Océan.

Le cerveau de Gianni, toujours travaillant, était en quête dans l’ordre des choses réputées impossibles d’une petite machine, que lui ferait praticable ! d’un petit renversement des lois de la nature que, lui, l’humble clown, obtiendrait le premier dans le doute et l’étonnement de tous ! Et l’impossibilité de ce qu’il ambitionnait de tenter, il la demandait grande, presque surhumaine, méprisant l’infaisable ordinaire, commun, bas, dédaignant les exercices, où pour l’équilibriste et le gymnaste qu’il était, le summum de l’équilibre ou de l’adresse lui paraissait atteint ; et au milieu du travail imaginatif de sa tête, détournant les yeux, avec une brusquerie hautaine, des chaises, des boules, des trapèzes.

Bien des fois, les ambitions de Gianni s’é-