Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/147

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

derniers pas, pour aller de la Reggia à la Curie de Pompée.

Elle visitait les musées, les galeries, les trésors des basiliques, les villas hors les murs, les souvenirs remplissant la ville et ses faubourgs, cherchant les débris de la vie privée et familière du Romain, les détails de l’habitation, du mobilier, de la maison, les confidences des tombes montrant souvent le métier et la boutique du mort. Elle retrouvait ce peuple, elle retrouvait ses héros, ses maîtres et ses tyrans, dans ces statues et ces bustes tirés au hasard des fouilles du Panthéon ou des Gémonies, qui approchaient d’elle, comme d’une contemporaine, le défilé des monstres et des stoïques, des aïeux de la sagesse humaine et des fous furieux du pouvoir païen : la galerie des portraits de Tacite, de Salluste, de Suétone, de l’Histoire Auguste. Elle interrogeait ces figures, troublée souvent par les démentis qu’elles donnaient à la postérité, inquiète de la contradiction, du hasard et de l’injustice de ces visages, qui prêtaient à Trajan le crâne de l’imbécillité, à Néron