Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/150

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finie, elle se trouvait dans le grand champ de la plaine, vert désert de ruines héroïques, que traverse encore le vol de l’aigle des Césars, semé, jonché de colonnes, de débris de temples, de lignes d’aqueducs, où se lèvent de l’ensevelissement de l’herbe à droite et à gauche, partout, à perte de vue, des morceaux de monuments et de l’Histoire mangée par la Nature. Devant elle s’étendait le spectacle de cette campagne mamelonnée, dont les creux commençaient à s’emplir d’ombres qui y cherchaient leur lit, et dont le terrain velouté et doré d’une lumière frisante, montrait, jusqu’à l’infini de ses plans déroulés, des majestés d’architectures, des arcatures renaissant de leurs brisures, des ponts victorieux, éternels et sans fin, retenant, sur leur ton orange, la chaleur tombante du jour comme une apothéose. Et derrière encore recommençaient d’autres débris, d’autres restes, d’autres arcatures, rapetissés par l’éloignement de la perspective jusqu’au fond de l’horizon, qui se perdait déjà au brouillard des montagnes du Latium, balayées et balafré