Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/190

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eau immobile, cette terre avec sa muette sérénité, ce ciel et l’opiniâtre splendeur de son impassible bleu… Ah ! cette nature d’Italie, tiens ! c’est trop toujours beau, c’est beau à périr… Oh ! un peu de pluie de France ! …

« Après cela, la crise par laquelle mon pauvre petit chéri a passé, a été un tel coup pour moi ! J’en suis restée comme assommée ! Si tu le voyais maintenant ! Ses yeux ont encore grandi… Une chose singulière qui m’arrive : depuis quelque temps, je sens un vide, une solitude en moi. Est-ce l’exil ? l’étranger ? l’absence ? Non, non, il ne faut pas se faire d’illusion. Ma solitude me vient bien de moi, et je ne la tire ni de mon milieu actuel ni des conditions présentes de ma vie. J’ai mon enfant, je l’aime plus que jamais ; et pourtant l’aimer et n’aimer que lui ne me remplit plus toute comme autrefois. Ici tu vas me plaisanter, je suis sûre, bâtir un roman où tu me marieras à quelque prince romain, mettre enfin ce que je te dis au compte d’un sentiment de femme tendre, amoureux… Tu te