Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/217

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tonnait, en un sermon qui donnait à son public toutes les émotions et toutes les illusions d’un débit et d’un jeu de théâtre.

Mme Gervaisais commença à écouter, puis n’écouta plus, son oreille se réveillant à peine sur des notes de colère qui lui donnaient un rapide soubresaut, après lequel elle recommençait à ne plus entendre le sens ni la suite du sermon. Soudain, elle reçut comme un coup à cette phrase du prédicateur :

« Femme imprudente et téméraire, et non seulement imprudente et téméraire, mais misérable et infortunée… »

Il s’arrêta, fit une pause, reprit :

« car si Dieu s’est manifesté par d’autres témoignages que ceux de la nature, s’il a fait connaître lui-même au genre humain ses conseils et ses volontés, quel jugement porter de cette femme qui dédaigne de s’assurer de ces manifestations divines, et déclare avec assurance qu’elle trouve en elle-même, et dans les seules lumières de sa raison, tout le nécessaire de son âme pour sa conduite religieuse et pour l’accomplissement