Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/228

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sent, toutes sortes de petits événements, de riens journaliers qu’elle avait jugés, dans l’instant, sans action sur elle. Ses premières stations dans les églises, sa passion pour leurs marbres, elle commençait à reconnaître qu’elles avaient été comme une rencontre et une première liaison avec les douceurs religieuses. Elle retrouvait présente à son esprit, revivante à ses yeux, cette visite à Saint-Pierre, où la main de son enfant lui avait fait lire, dans du soleil, les mots d’or : Tu es Petrus, et super hanc petram… Le Dimanche des Rameaux, les Miserere de la Chapelle Sixtine, elle s’en apercevait, avaient été en elle au-delà de sa sensibilité de femme ; ils avaient continué au fond de son être l’œuvre de Rome. Elle suivait ainsi et se remémorait, détail à détail, circonstance par circonstance, comme pas à pas, ce mouvement inconscient qui l’avait jetée aux pieds de la Madone de San-Agostino, ce changement ignoré d’elle-même qui, encore ombrageuse et résistante, sous le chêne de Castel-Gandolfo, à la parole rêvante de la comtesse