Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/227

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— Rome enfin est le coin du monde où, selon le mot énergique d’un évêque, la Piété fermente comme la Nature sous les Tropiques.

Tout s’y rencontre pour vaincre et conquérir une âme par l’obsession, la persécution, la conspiration naturelle des choses environnantes ; tout y est rassemblé pour mettre un cœur près de la conversion, par la perpétuité, la succession ininterrompue des atteintes, des impressions, des sensations, et accomplir en lui à la fin ce fréquent miracle du pavé de la Ville éternelle, le miracle d’un chemin de Damas, où les esprits les plus forts d’hommes ou de femmes, terrassés, tombent à genoux.

À ce moment, où Mme Gervaisais se sentait touchée d’un commencement d’illumination, son passé à Rome, les premiers jours de son séjour lui revenaient. Sa mémoire semblait les lui éclairer d’un jour nouveau, lui en montrer le secret, le travail caché, persistant, continu, fait au fond d’elle à son insu, par le milieu de son existence. Elle se rappelait nettement à pré-